Osez l’IA : enfin un plan concret pour rattraper le retard des PME françaises
Description de l'article de blog :


Osez l’IA : un tournant concret pour les entreprises françaises
Pendant que nos voisins européens accélèrent leur transition numérique à coups d’investissements massifs et de plans d’action concrets, la France peine encore à embarquer ses entreprises dans la révolution de l’intelligence artificielle. Le constat est sans appel : seules 8 % des très petites entreprises (TPE) et 13 % des petites et moyennes entreprises (PME) françaises utilisent aujourd’hui l’IA dans leurs activités. Ces chiffres traduisent un décalage préoccupant entre le discours ambiant sur la transformation numérique et la réalité du terrain.
Dans ce contexte, l’annonce du plan « Osez l’IA », portée par Clara Chappaz et soutenue par un budget de 200 millions d’euros, marque peut-être un vrai tournant. Ce plan ne promet pas de miracles, mais il propose enfin quelque chose d’essentiel : une approche pragmatique, structurée et financée pour accompagner les entreprises françaises vers l’adoption de l’IA. Et c’est sans doute ce qu’il nous manquait jusqu’ici.
Un changement de posture : passer de l’intention à l’action
Depuis plusieurs années, les discours sur l’IA se succèdent. On vante ses potentialités, on s’inquiète de ses dérives, on imagine des futurs dystopiques ou utopiques. Mais sur le terrain, les dirigeants de PME, artisans, commerçants, professions libérales ou industriels de taille modeste restent souvent démunis. Ce n’est pas qu’ils rejettent l’IA. C’est qu’ils ne savent pas par où commencer, à qui faire confiance, quels outils utiliser ou même à quoi ça peut leur servir concrètement.
Le plan « Osez l’IA » part justement de ce constat. Il ne s’agit plus simplement d’évangéliser l’IA auprès des entreprises, mais de leur offrir des ressources concrètes, accessibles et contextualisées. Former, accompagner, financer : c’est ce triptyque qui sous-tend l’ensemble du dispositif.
Des objectifs clairs pour 2030
Ce plan fixe des ambitions chiffrées qui donnent le ton. L’objectif est que, d’ici 2030, 50 % des TPE, 80 % des PME et 100 % des grandes entreprises aient intégré l’IA à un niveau significatif dans leur organisation. Cela ne signifie pas que chaque entreprise devra recréer ChatGPT en interne, mais plutôt qu’elle saura identifier des cas d’usage adaptés à sa réalité : automatisation des tâches répétitives, analyse prédictive, gestion intelligente de la relation client, détection de fraudes, maintenance préventive, etc.
Ces chiffres sont ambitieux, surtout pour des TPE qui manquent souvent de moyens et de temps pour se lancer dans de tels projets. Mais c’est précisément là que le plan tente d’intervenir en apportant un appui structurant.
Former massivement les professionnels
L’un des axes majeurs du plan repose sur la formation. Une « Académie de l’IA », gratuite et accessible en ligne, sera lancée d’ici la fin de l’année 2025. Son objectif est simple mais colossal : former 15 millions de professionnels d’ici à 2030. Le contenu sera adapté à différents niveaux de maturité et de métiers, avec des parcours spécifiques pour les dirigeants, les salariés, les indépendants, les étudiants ou les responsables IT.
L’idée est claire : démocratiser l’accès à la compréhension de l’IA et briser le mythe selon lequel cette technologie serait réservée à une élite technophile. Aujourd’hui, trop d’entreprises n’agissent pas par manque de compétences ou par peur de mal faire. Offrir une base de connaissances fiable et gratuite est un premier pas pour dépasser cette inertie.
Des experts sur le terrain
Au-delà de la formation théorique, le plan prévoit également le déploiement de 300 ambassadeurs IA partout en France. Il ne s’agit pas de consultants déconnectés du réel, mais de dirigeants d’entreprises expérimentés, capables de partager des retours d’expérience concrets.
Des personnalités comme Christel Heydemann (PDG d’Orange) ou Jean-Pierre Farandou (PDG de la SNCF) sont déjà mobilisées pour parler ouvertement de leurs expérimentations, de leurs échecs, de leurs réussites. Ce type d’approche est précieux : il permet de créer une dynamique de confiance, de montrer que l’IA est un outil comme un autre, au service d’objectifs bien réels.
Un accompagnement sur mesure
Pour aider les entreprises à franchir le cap, le plan prévoit la réalisation de 5 000 diagnostics IA et data, pris en charge à 40 % par l’État. Ces diagnostics seront menés par des experts pendant environ 10 jours au sein des entreprises volontaires, avec pour objectif d’identifier des cas d’usage pertinents, adaptés aux besoins et aux contraintes de l’entreprise.
Ce dispositif vise à éviter les solutions toutes faites ou les projets hors sol. Chaque entreprise est unique. Son rapport à l’IA, ses données disponibles, son environnement métier, son personnel… tout cela nécessite une approche sur mesure. Ces diagnostics sont là pour cela : traduire le potentiel de l’IA en actions concrètes.
Des financements à la hauteur des ambitions
Le plan met également en place des financements complémentaires, avec la possibilité d’obtenir des prêts pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros pour mettre en œuvre des projets IA à forte valeur ajoutée. Là encore, le signal envoyé est fort : l’État n’impose pas seulement une transformation, il est prêt à en partager le risque et le coût.
On sort ainsi d’une logique descendante, où l’on attendait des entreprises qu’elles se transforment seules, pour entrer dans une logique d’écosystème collaboratif, où tous les acteurs — public, privé, grandes entreprises, start-ups, centres de recherche — avancent ensemble.
Une stratégie enfin pragmatique
Ce qui marque une vraie rupture dans ce plan, c’est le ton employé et les moyens déployés. On est loin des grandes promesses de la French Tech ou des discours sur l’IA générative qui va révolutionner le monde. Ici, on parle de formation, d’accompagnement, de financement. On parle de cas d’usage. On parle de terrain.
C’est sans doute la première fois qu’un plan gouvernemental sur l’IA semble autant connecté à la réalité des PME françaises. Pas de jargon inutile, pas d’effets d’annonce. Juste une feuille de route cohérente, dotée de moyens et de relais locaux.
Le vrai risque, ce n’est pas l’IA
Il est tentant de croire que le danger principal de l’IA réside dans son potentiel à remplacer l’humain. Mais dans les faits, le plus grand risque aujourd’hui, c’est l’inaction. C’est de voir nos entreprises décrocher alors que d’autres, ailleurs, avancent vite et fort.
Les entreprises qui adopteront l’IA ne seront pas forcément celles qui supprimeront des emplois. Ce seront surtout celles qui gagneront en efficacité, en compétitivité, en capacité d’innovation. À l’inverse, celles qui resteront à l’écart pourraient se retrouver marginalisées, dépassées, fragilisées.
Et maintenant ?
Le plan « Osez l’IA » donne un cadre, des outils, des moyens. Il fixe des objectifs ambitieux et propose une approche réaliste. Mais la clé de sa réussite repose sur un facteur simple : la mobilisation des dirigeants.
Car au bout du compte, aucune stratégie publique ne pourra remplacer la volonté d’agir des entreprises elles-mêmes. Le vrai levier du changement, c’est vous.
Alors, où en êtes-vous ? Votre entreprise a-t-elle déjà intégré l’IA à ses réflexions stratégiques ? Êtes-vous encore dans l’observation ou déjà dans l’expérimentation ?
Ce plan est une opportunité. Encore faut-il oser la saisir.